Brève exploration du Vaccine Adverse Event Reporting System au cours de la pandémie de Covid19

Le Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS) est un programme de surveillance créé par les États-Unis et co-managé par le U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA) afin de suivre la bonne réception de vaccins déjà autorisés sur le marché. De nombreuses informations sur les événements indésirables, soit les possibles effets secondaires survenant après l’administration de vaccins y sont collectées, dans le but de vérifier que le rapport bénéfice-risque est suffisamment élevé pour justifier l’utilisation continue de ces derniers.

binnie
8 min readJul 16, 2021

Les symptômes décrits au fichier surviennent après l’administration de vaccins, mais n’ont pas forcément de lien avéré avec ceux-ci.

VAERS met à disposition deux fichiers que j’ai décidé d’explorer : VAERS DATA et VAERS VACCINE, qui contiennent des données sur tout types de vaccins (covid19, grippe, hépatite, rougeole oreillons et rubéole…)

J’ai téléchargé uniquement les fichiers de 2020 et 2021, et dans le but de disposer d’un outil puissant capable de manipuler l’information à des fins d’analyse, j’ai préalablement créé une base de données MySQL pour l’y importer.

Méthode de travail

Date de recueil des données sur VAERS : 8 juillet 2021.

Environnement de développement :
Je travaille sous Mac OS ; j’ai choisi MySQL Server et SQL Pro for MySQL, ainsi que Sublime Text pour nettoyer les CSV mis à disposition par VAERS de sorte que le parser de SQL Pro veuille bien les avaler. Cette tâche préparatoire me prit un peu de temps, mais en fin de compte quelques rechercher/remplacer pertinents suffirent pour supprimer les caractères troublants. (Je suis désormais convaincue qu’un logiciel de saisie de rapports médicaux fût développé en WinDev95 par quelque mormon alcoolique du fin fond du Texas, et que cette usine à gaz ajoute des backslashes où il n’en faudrait pas.)

Après l’import des fichiers CSV, j’avais deux tables dans ma base de données : vaers_data et vaers_vax, liées entre elles par la clé primaire vaers_id.
Le contenu des fichiers est décrit dans ce document.

Ainsi, vaers_data contient les données liées à un événement indésirable rapporté :

Extrait des données contenues dans vaers_data

Quant à vaers_vax, elle contient les informations sur le ou les vaccins préalablement administrés, pour chaque événement indésirable rapporté :

Extrait des données contenues dans vaers_vax

Rapports associés à des décès

J’ai d’abord voulu savoir combien les vaccins contre la Covid19 étaient associés à des événements indésirables aboutissant à la mort du patient, en comparaison des autres vaccins, et j’ai trouvé que 1.3% des évènements indésirables rapportés après une vaccination contre le Covid19 sont associés à la mort du patient, contre 0.9% avec d’autres types de vaccins.

Rappelons que ce chiffre, 1.3% ne concerne pas la totalité de la population vaccinée, mais seulement la population ayant rapporté des effets secondaires indésirables ; ce point est critique !

Le nombre d’événements indésirables rapportés suite à une vaccination contre le Covid19 est de 417,184 quand 158 millions d’américains (158,000,000) ont reçu deux doses de vaccins, et 25 millions une première dose, schéma global qui nous amène à total de 341 millions de doses injectées, parmi lesquelles 417,184 seulement ont fait l’objet d’un rapport au VAERS (soit 0.12%, ou à peine plus d’une dose sur mille !)

Par ailleurs, il faut lire les raisons qui poussent les patients à faire un rapport au VAERS… parce que dans ce fichier, il y a à boire et à manger.

Je me permets de le réécrire ici: un effet secondaire indésirable faisant suite à l’administration d’un vaccin contre le Covid19 n’est pas forcément la conséquence de l’administration du vaccin. Par exemple, et aussi surprenant et inapproprié que cela puisse paraître, on compte des suicides par arme à feu — ou autre mode opératoire— parmi les symptômes enregistrés au fichier…

Parce que c’est l’Amérique, après tout ; on peut y recevoir une injection de biotechnologie de pointe et se flinguer dans la foulée…

Fabricants, sexe et âge des patients

J’ai voulu segmenter les événements indésirables rapportés par fabricant, mais aussi sexe et âge des patients.

Pour ce faire, j’ai manipulé le cube de données en partie visible ci-dessus dans Excel à l’aide d’un tableau-croisé-dynamique pour obtenir les graphiques suivants :

Ça saute aux yeux : quelque soit le vaccin reçu, les femmes sont largement surreprésentées dans le fichier par rapport à leur présence somme toute paritaire dans la population américaine (50.8 % selon le CDC). Quand le patient est âgé de 20 à 70 ans, environ les trois quarts des évènements indésirables sont rapportés par des femmes.

Pour que ce chiffre soit significatif, toutefois, il faudrait que les américaines aient été vaccinées dans les mêmes proportions que les américains. Est-ce bien le cas ? Dans cet article récent, on parle de la moindre popularité de la vaccination chez les femmes… moindre popularité qui n’expliquerait rien, puisqu’actée, elle ne ferait qu’aggraver la surreprésentation des femmes parmi les patientes rapportant des effets secondaires…

Or, il se trouve que les femmes, quoique plus réticentes, se font en réalité davantage vacciner ; d’un léger avantage.

Ces quelques points d’avance ne justifient toutefois pas une surreprésentation massive, et qui avoisine les 30%, au fichier.

Peut-être que les femmes souffrent davantage des effets secondaires susceptibles de survenir après une injection, mais peut-être se montrent-elles tout simplement plus prudentes, rapportant leurs symptômes plus tôt et plus fréquemment ; ces facteurs (souffrance accrue, précautions) pouvant se combiner.

Prévalence des symptômes

Puisqu’ils y sont abondamment décrits, j’ai eu envie de savoir quels étaient les symptômes les plus souvent rapportés au fichier.

J’ai d’abord parcouru un échantillon d’une centaine d’enregistrements pour établir une liste de symptômes récurrents, puis j’ai catégorisé chaque terme retenu.

Lorsqu’on mine du texte à la recherche d’occurence de termes particuliers, il convient d’évaluer le contexte d’utilisation de ces derniers. Dans un texte censé décrire les symptômes de patients ayant reçu des vaccins, il se peut en effet qu’un terme soit employé pour signifier la présence, la suspicion et même l’absence d’un symptôme. Exemple : «pas de fièvre». Ou encore ; “suspicion d’appendicite”. J’ai tenu à vérifier dans quelles proportions ces contextes survenaient, et pour ce faire, je me suis penchée sur le terme «myocarditis».

J’ai donc lu et classé un échantillon de cinquante symptômes, par contexte de mention du symptôme.

Voici les résultats :

le patient avait des antécédents de myocardite : 2
myocardite confirmée, post vaccination et test covid négatif : 37
myocardite confirmée, post vaccination et test covid positif : 1
myocardite confirmée, post vaccination et antécédents covid : 1
inquiétude/soupçon de myocardite : 7
je n'ai pas compris le commentaire médical : 2

De ces chiffres, on peut inférer que dans 75% des cas, la mention du terme “myocardite” dans les symptômes fait référence à une myocardite confirmée, survenue après la vaccination et accompagnée d’un test covid négatif.

Quel taux de décès pour le myocardites rapportées au fichier ?
Une première étude israélienne publiée début mai rapportait les chiffres que l’on connait :

Dans “Le Parisien”, le 1er mai 2021.

Au VAERS, on trouve 1,038 rapports d’effets secondaires indésirables faisant mention de myocardite, et parmi ceux-là, 10, soit un peu moins de 1%, sont associés à des décès. Rappelons qu’au 8 juillet 2021, 158 millions de personnes avaient été doublement vaccinées aux États-Unis.

Le virus a, quant à lui, infecté à 34 millions d’américains à ce jour, dont 608.000 sont décédés.

Quelques mots sur moi

Vous vous demandez peut-être qui est l’auteur de ce texte, quels pourraient être ses biais. C’est l’une des premières questions que je me poserais.

Je suis une personne rationnelle, qui croit profondément en la science. Après mon bac scientifique, j’ai fait entre autres des études d’informatique, parce que ça m’amuse mais aussi par amour de l’organisation de l’information, et je m’essaie à la littérature parce que ça m’amuse mais aussi parce que je chéris la vérité.

Je suis agnostique, de culture chrétienne.

Je suis pour la vaccination, étant moi-même vaccinée, et ayant fait vacciner mon enfant selon les calendriers recommandés par la France et l’Écosse, puisque nous vivons dans ces deux pays (l’Écosse recommande d’ailleurs un vaccin qui n’est pas inscrit au calendrier français, contre le méningocoque B, et dont ma fille a reçu le rappel début juillet.)

Je combats à mon niveau les idées sectaires et les croyances qui décrivent la vaccination comme un acte malsain et/ou dangereux qu’il convient d’à tout prix éviter.

Je considère, enfin, que les données, lorsque qualitatives et intègres, sont l’empreinte de la réalité, et que les populations ont le droit d’être informées au delà de toute généralisation politique ou partisane.

Je n’ai pas de conclusions, de conseils ou de leçons à donner ; je tenais juste à regarder dans ce fichier, partager quelques éclairements, et sans verser dans l’angélisme, offrir autre chose à lire que les figures alarmistes et désinformatrices de la propagande antivax.

Enfin, puisqu’on est jamais mieux servi que par soi-même, peut-être souhaiterez-vous explorer ces données à votre guise. Cela reste possible avec un peu de patience, et un simple tableur.

https://vaers.hhs.gov

«Il est hot, soit dit en passant.»

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binnie

Programmeur, data analyst, et apprentie romancière. Abonnez-vous à Épique, ma newsletter : epique.fyi